TEST - ROAD 96 (PC, Nintendo Switch)

ROAD 96 : un jeu qui m'a touché droit au coeur

Par Jacques Germain

Ma première fugue, je m’en rappelle car ma mère me l’a raconté tellement de fois. Ce fut ma seule d’ailleurs! Vous allez bien rire vous aussi, je vous la raconte. C’était pendant l’été de mes 12 ans environ. Ma mère ne voulait pas que j’écoute la télé ce matin-là, il faisait chaud, elle voulait que je joue à l’extérieur. Je me sentais dans une dictature, vous savez ce mot à la mode depuis le début de la pandémie. Sur un coup de tête, j’ai pris un sac poubelle que j’ai remplis de mes oursons en peluche et j’ai jeté un dernier coup d’œil vers ma mère. Aucune réaction, c’était le signal pour que je traverse la porte et commence à descendre les escaliers. Trois marches plus tard, je me suis arrêté, j’ai pleuré et suis revenu en courant voir ma mère en m’excusant d’avoir « fugué ». Pathétique n’est-ce pas? Mais drôle aussi quand on y repense. 

Pour les jeunes de Petria dans Road 96, la fugue est réellement une solution viable. Digixart nous offre un titre rempli d’émotions sous un fond politique intéressant. 

Dictature!!!

Milieu des années 90, un pays sous la dictature d’un président qui ne fait pas nécessairement l’unanimité auprès de la jeune population. Ceux-ci veulent du changement, ils veulent renverser le gouvernement, faire en sorte que les élections soient justes et surtout, ils veulent de meilleures conditions pour leur futur. Road 96 offre une vision sur la politique qu’aucun autre jeu n’avait eu le culot de faire jusqu’ici. Le titre vous place dans la peau de l’un des nombreux jeunes fugueurs prêts à tout pour quitter cette dictature. 

Prêt à tout pour quitter la région de Petria, vous n’aurez que vous-même ou presque pour vous débrouiller jusqu’à la frontière et peut-être réussir à la franchir, pour combler votre soif de liberté et de changement. Sur votre route, quelques compagnons étranges viendront se greffer à vous quelques instants pour vous laisser seul encore une fois au final mais en vous inculquant de nombreux renseignements et conseils au passage. 

Un style déjà-vu avec une twist

Vue à la première personne et mélange de point and click, je définis Road 96 comme étant dans les mêmes veines qu’un titre de Telltale Games, un côté narratif très développé, de l’exploration pour y trouver objets et indices ainsi que des choix moraux qui viendront affecter le court de l’histoire. Rien de bien nouveau outre le fait que chacune de vos parties ne seront jamais identique car vos rencontres seront définies de façon aléatoire. 

Je m’explique : Road 96 vous place dans la peau d’un fugueur qui a comme objectif de réussir à passer la frontière. Chacun des fugueurs que vous contrôlerez commenceront d’un endroit différent sur la carte de Petria, un nombre défini de kilomètres les sépare de leur objectif. Chaque partie vous fait commencer par une courte histoire et en enchaîne quelques autres aléatoirement parmi les histoires écrites par le développeur. Selon vos choix de transport, certains personnages auront plus de chance d’apparaitre. Faire du pouce, marcher, prendre l’autobus, voler une voiture ou bien appeler un taxi sont les choix possibles pour parcourir le plus grand nombre de km possible. 

Une narration parfaite

Certaines histoires vous apportent des informations sur Petria, alors que d’autres ne vous aident seulement qu’à comprendre les objectifs des personnages rencontrés. Le camionneur sympathique qui semble vouloir la liberté du peuple, ou bien la journaliste pro-président actuel qui semble avoir été payé pour en parler. Le jeune prodige vous fournissant du matériel pour vous aider ou bien Zoé une autre fugueuse, prête à tout pour traverser. Chacun de ces personnages offre une histoire riche sur l’histoire de Petria et sur eux-mêmes. 

Leurs récits viennent se mélanger avec votre propre fugue de façon symbiotique et le tout colle parfaitement. Parfois vous aurez un peu les mêmes objectifs qu’eux, d’autres fois vous serez confronté à eux mais les dialogues vous permettent de comprendre leurs intentions et les fondements de leurs réactions sans tomber dans les jugements. Leurs histoires au final seront entremêlés et vous offre un récit d’une qualité tout simplement sublime. Humour, tristesse, colère, peur et j’en passe vous permettent de vivre l’une des plus belles narrations de la dernière année. 

Je veux y vivre

Avez-vous déjà laissé jouer un jeu simplement pour écouter la musique? Et bien moi oui avec Road 96 qui nous donnent une bande sonore incroyable à la Life is Strange. Des pistes connues et peu connues sont aux rendez-vous alors qu’il vous suffira de trouver ou d’acheter les cassettes (je vous rappelle que nous sommes dans les années 90) pour les faire jouer dans un des radiocassettes disponibles dans presque toutes les séquences. 

Chaque pièce est jouée exactement au bon moment comme dans les plus grands films AAA de l’industrie. Digixart porte bien son nom également au niveau de l’ambiance et de la direction artistique du jeu. Un style simple mais bourré de détails qui m’a accroché au point de me dire que j’aimerais bien vivre à Petria malgré la situation politique. Vous savez ce genre d’endroit à la fois sympathique mais qui vous donne des craintes? Digixart nous ont permis de vivre un beau moment tous en exploitant la détresse, la peur et les craintes des personnages. Ce n’est pas donné à tous les développeurs de nous faire vivre cela. 

Une note parfaite?

Je ne me rappelle pas avoir donné une note parfaite depuis mes débuts, mais Road 96 pourrait peut-être être le premier? Ne serait-ce certains passages qui m’ont parfois fait grincer des dents à cause du manque de crédibilité versus le reste de la narration. Est-ce réellement un problème? Ou suis-je trop critique quand il s’agit de narration? Je vous laisserai être le juge final. Road 96 est probablement ma surprise de 2021 avec une narration quasi-parfaite, un univers où j’aimerais me retrouver ne serait-ce que pour aider les nombreux compagnons que j’ai pu rencontrer et m’assurer qu’ils vont toujours bien. Digixart est venu me toucher droit au cœur avec un œuvre, oui oui une ŒUVRE des plus complète. 

Note finale

*La copie du jeu utilisée pour la réalisation de ce test, provient de l'éditeur, lequel n'intervient aucunement dans le processus de création des critiques du Salon de Gaming de Monsieur Smith.  

ROAD 96 Site officiel

Développé et édité par Digixart

Plateformes : PC Steam (ce test), Epic Games, Switch

Prix : 26,96$

Me joindre sur Twitter via @JackGerms

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