Par Jérôme Rajot
Xenoblade Chronicles est une franchise de jeux de rôle japonais qui a débuté sur la Wii en 2010, après être revenu sur 3DS, le premier épisode est ressorti sur Switch en Definitive Edition en 2020. Entre temps, nous avions eu droit à un spinoff Xenoblade Chronicles X sur Wii U, puis Xenoblade Chronicles 2 sur Switch en 2017, et un DLC qui a fini en petit jeu complet à part Xenoblade Chronicles 2 : Torna – The Golden Country.
C’est donc naturellement que les développeurs de Monolith Software nous arrivent avec un troisième épisode toujours exclusif à la Nintendo Switch, même si cela a pu surprendre agréablement les joueurs qui ne l’attendaient pas si tôt. Est-ce que ce troisième volet suit naturellement les traces de ses aînés ou a-t-il drastiquement changé de voie comme l’a fait l’épisode Wii U ?
Une bande-son onirique et magnifique
Le plus gros point fort de ce nouvel épisode pour moi, c'est sa bande-son, ses musiques. Ses musiques vont rester très longtemps dans le cœur des joueurs comme celles d'un Final Fantasy VI ou d'un Chrono Cross, pour ne citer qu'eux. On a de sublimes morceaux orchestraux qui se marient avec des airs d'instruments à vent afin de coller avec la thématique du jeu. On peut rester plusieurs moments à s'arrêter juste pour admirer les environnements et écouter les douces mélopées. C'est du bonbon pour les oreilles.
Xenoblade Chronicles 3 propose le choix entre le doublage original japonais et le doublage anglais (pas français malheureusement). Donc c'est selon vos préférences, l'accent "british" peut coller à certains personnages, mais les habitués de japanimation vont préférer le doublage japonais qui colle plus aux réactions des protagonistes. On notera une nouvelle fois des traductions de noms japonais complètement inutiles et qui ne coïncide plus avec ce que l'on entend…
Et ce n’est pas la seule liberté qu’ont pris les personnes en charge de la localisation. Le jeu bénéficie tout de même des textes et écrits complètement en français, mais vous allez vite remarquer un vocabulaire qui revient souvent. Pour tout ce qui est dans langage familier, des « sacres » et autres joyeusetés du genre, c’est remplacé par des “brasiers” et “moucheux”, ça paraît bizarre au début, mais on s’y fait rapidement et j’ai trouvé ça plutôt amusant. C’est moins dérangeant aussi si on y joue en présence d’enfants.
Du bonbon aussi pour les yeux, mais un bonbon acidulé…
Xenoblade Chronicles 3 peut être considéré comme un jeu sublime visuellement, comme tout autant dépassé… Comme dans les précédents épisodes, on a droit à des territoires gigantesques et vastes peuplés de colonies différentes et endroits regorgeant de monstres variés. Le décor s’étend à perte de vue ou presque… Car on s’aperçoit rapidement des difficultés d’affichage de la Nintendo Switch, les ennemis plus éloignés sont animés à 2 images par seconde, les décors “poppent” au loin… C’est dommage, car la direction artistique est encore plus travaillée, colorée et tout l’environnement est très vivant.
Les personnages sont aussi riches en couleurs qu’en personnalité, les vêtements changent suivant les classes des personnages, le « chara design » est plus fin, mais il y a encore trop de détails qui scintillent, qui pixelisent, cela se remarque principalement au niveau des cheveux des héros. En mode portable, ça peut encore aller, même si la Switch OLED devrait mieux s’en sortir, mais en mode TV, sur un écran 4K, c’est encore plus marquant, surtout lors des cinématiques, fort heureusement, l’histoire est assez intéressante à suivre pour oublier ces petits défauts. Mais une certaine frustration s’installe à chaque fois qu’une cinématique est entrecoupée pour seulement faire deux pas… Je n’ai jamais compris l’intérêt, si ce n’est de faire une sauvegarde pour reprendre à ce moment-là… Mais je préfère quand tout coule sans interruption. Car il y a beaucoup des cinématiques dans Xenoblade Chronicles 3 !
Des chapitres à suivre comme chaque film d’un grand univers
L’autre point fort de la saga, c’est son histoire, toujours très dense et riche en rebondissements. Ce troisième volet n’échappe pas à la règle ! Chronologiquement, nous sommes bien après les évènements de Xenoblade Chronicles 1 et 2, il n’est d’ailleurs pas indispensable d’avoir fait les deux précédents tant les histoires sont espacées dans le temps, seul le lore est commun. Nous commençons en incarnant Noah qui est accompagné par ses deux amis d’enfance Lanz et Eunie pour exécuter des tâches militaires dans une colonie. On rencontre assez rapidement un autre groupe mené par Mio accompagnée elle aussi de ses deux amis Taion et Sena. Si tous les opposent jusque-là, on comprend que pour survivre, il va falloir s’allier et s'entraider.
La base de l’histoire, chaque “soldat” de chaque colonie n’a une espérance de vie que d’une dizaine d'années ou plutôt une dizaine de cycles. Une trace apparaît indiquant le nombre de cycles vécus et combien il leur en reste, et un mécanisme dans l'œil permet également d’avoir ces informations tel le Scouter des sayians dans Dragon Ball Z. Mais nous faisons la rencontre d’un personnage plus âgé et il nous apprend que ces “cycles” peuvent être cassés et qu’il ne faut pas se laisser mener par les règles dictées par les colonies et qu’il est maintenant notre devoir de les libérer en brisant leur cadran.
Au-dessus de tout ça, il y a une grande organisation qui tire les ficelles et qui semble dicter les lois en manipulant toutes les colonies et qui recèle de grands secrets… Et pour réussir à les vaincre, plus que de devenir des frères d’armes, nos héros vont apprendre à fusionner afin de devenir des Ourobouros, une sorte de grand mécha comme des Eva. Les rebondissements sont nombreux et chaque chapitre de l’histoire de Xenoblade Chronicles 3 ressemble à un film du MCU formant une grande histoire bien plus riche qu’il n’y paraît. Les thèmes abordés y sont nombreux et pas forcément très joyeux, mais tout est fait d’une manière très intelligente qui nous fait voir la vraie vie et la mort d’un nouvel œil…
Comme tout bon JRPG qui se respecte, il n’y a pas que la quête principale à suivre, mais bien d’autres histoires à débloquer et à parcourir. On peut faire le jeu littéralement en ligne droite, en suivant la ligne toute tracée à travers les vastes environnements pour ne jamais se perdre, ou accepter les requêtes des personnages que nous rencontrons sur notre chemin.
La force de Xenoblade Chronicles 3, c’est d’éviter la redondance et les quêtes dites Fedex dans lesquelles on est pris pour un simple livreur. Tout est assez travaillé pour les rendre intéressantes et motivantes à faire, même si cela nous amène à faire quelques aller-retour. Fort heureusement, il y a assez de points de téléportation pour éviter de perdre du temps. Même si cela peut paraître quelque peu incohérent de réaliser des quêtes annexes quand chaque minute de notre vie est comptée et que le cadran de certain personnage n’est plus très grand…
Xenoblade Chronicles 3 n’est jamais ennuyant de part son histoire, mais aussi son gameplay !
Vous trouverez toujours quelque chose à faire, des nouveaux territoires à parcourir, le monde du jeu est très vaste et riche en points d’intérêts. Pour débloquer les quêtes annexes, il faut comme d’habitude parler à un maximum de personnages, ce qui permet aussi d’améliorer l’affinité dans chaque colonie et ne pas oublier de faire le point dans certains lieux de sauvegarde pour savoir où aller et quoi faire. Ces points de sauvegarde permettent également de monter en niveau, se préparer un bon repas nous gratifiant de quelques bonis, créer des gemmes et même nettoyer notre équipement (qui peut se salir lors des grands affrontements).
On se rend rapidement compte que les menus du jeu sont aussi fournis que les décors du jeu. Il ne faut pas hésiter à changer de classe/job de nos personnages afin de débloquer de nouvelles compétences. Et lorsque nous rencontrons de nouveaux héros, il est possible de reprendre leur classe.
Ce que j’ai tout de suite apprécié des combats de Xenoblade Chronicles, c’est que tous les combattants participent aux combats ! On ne se fige pas dans une équipe réduite avec les autres qui nous regardent en restant les bras croisés… Et on peut en prime prendre le contrôle de tous et changer en cours de combat afin d’affiner notre stratégie et profiter de tous les arts des classes différentes. Seuls les “héros” ne sont pas contrôlables.
Si les affrontements contre les monstres de bases peuvent se remporter sans complication, il y en a certains qui vont demander de bien paramétrer son équipe et réaliser des enchaînements dévastateurs pour en venir à bout. Le concept d’interlien en Ouroboros est aussi à maîtriser et à utiliser judicieusement.
Brasier ! Pas le temps de niaiser et pas le temps de s’ennuyer !
Xenoblade Chronicles 3 fourmille de choses à faire, parfois même un peu trop, comme le dit l’adage “trop c’est comme pas assez”, la carte peut paraître un peu trop chargée en objets et ressources à récolter. Mais on n’a pas le temps de s’ennuyer, chaque joueur peut vivre l’aventure à sa façon, se perdre dans l’environnement pour découvrir tous les coffres, les puits d’éther, guider les personnes tombées en combat, ou réaliser toutes les quêtes qui s’offrent à nous pour sauver toutes les colonies… Ou simplement tracer en ligne droite et se concentrer sur l’histoire principale afin de ne pas trop s’embrouiller la tête et réussir à suivre cette histoire complexe. Selon votre façon de jouer, vous pouvez en voir le bout en une cinquantaine d’heures ou le double si vous êtes un aventurier !
Ce troisième opus est une merveille à parcourir, on se laisse bercer par les douces mélodies et on s’attache à Noah, Mio et tous nos compagnons. Les quelques soucis techniques s’effacent grâce au gameplay et à l’histoire du jeu, et Monolith Software nous offre là encore un chef d’œuvre, une masterclasse en la matière. Les nouveaux joueurs qui découvrent la licence avec Xenoblade Chronicles 3 seront aussi ravis et charmés que les fans qui ont fait tous les jeux.
J’aime
- Un monde vaste, varié et coloré
- Des personnages attachants
- Une histoire profonde
- Une bande-son merveilleuse
- Un gameplay complexe, mais accessible
- Tous les personnages se battent
J’aime moins
- Ça pixelise beaucoup…
- Quelques petits problèmes techniques
- Beaucoup trop d’objets sur la carte à récupérer
- Cinématiques entrecoupées inutilement
Note finale
*La copie du jeu utilisée pour la réalisation de ce test provient de Nintendo Canada, lequel n'intervient aucunement dans le processus de création des critiques du Salon de Gaming de Monsieur Smith.
Xenoblade Chronicles 3 Site officiel
Développeur : Monolith Soft
Éditeur : Nintendo
Plateforme : Nintendo Switch
Xenoblade Definitive Edition n’aura pas à rougir devant ce Xenoblade Chronicles 3 vraiment pas!
RépondreEffacerIl reste et demeure la version la plus importante à mes yeux et j’avoue sincèrement que ce troisième opus à dépasser de beaucoup mes attendes … définitivement dans mes coups de coeur 2022!
Excellent test cher Jérôme!
Note approuvée! 👌