Enfin un Assassin's Creed au Japon !
Par Jérôme Rajot,
La célèbre franchise d'Ubisoft revient dans un nouvel épisode Assassin's Creed Shadows développé par Ubisoft Québec. Les fans réclamaient depuis longtemps un Assassin se passant au Japon à l'époque des samouraïs, eh bien ça y est, Ubisoft a finalement réalisé leurs rêves avec Shadows. Est-ce que les désirs sont devenus désordres ?
Deux destinées que tout oppose.
À l'instar d'Assassin's Creed Syndicate, qui était le premier Assassin développé par Ubisoft Québec, Assassin's Creed Shadows nous place dans la peau de 2 protagonistes, le guerrier Yasuke et la shinobi Naoe. Mais ce ne sont plus des membres de la même famille, ce sont deux héros bien distincts qui vont devoir se prêter main forte alors que tout semblait les opposer jusqu'à leur rencontre.
Pour rappel, les jeux Assassin's Creed sont des œuvres de fiction qui sont inspirés de faits réels et historiques, mais dont les créateurs ont pris les libertés qu'ils voulaient afin de nous proposer une aventure pour nous faire voyager et nous faire rêver. Donc les évènements se déroulent selon les dates historiques, mais les évènements peuvent être laisser libre à l'imagination des artistes.
Cela étant dit, nous commençons par une voix qui nous invite à entrer dans l'Animus et à nous plonger dans le Japon féodal du XVIe siècle, en 1579 plus précisément à la fin de l'ère Sengoku (aucun lien avec Son Goku). Yasuke est un esclave africain emmené au Japon par des prêtres portugais et va très rapidement être recueilli par le daimyō (seigneur) Oda Nobunaga qui fera de lui un samouraï.
Si vous avez vu la récente série Shōgun, vous verrez beaucoup de similitude dans les 2 histoires, un étranger qui attire l'attention d'un seigneur local, ou avec la série d'animation Netflix Yasuke, ou encore pour les plus anciens l'excellente série d'animation japonaise du studio Gonzo, Afro Samourai. Nous pouvons également retrouver Yasuke dans des jeux comme les Dynasty Warriors.
En parallèle à son histoire, nous incarnons une jeune shinobi, Naoe Fujibayashi, dont l'histoire est toute aussi tragique puisqu'elle se retrouve rapidement seule après avoir suivi son entraînement, et elle est amenée après avoir reçue sa lame d'Assassin, à retrouver une boîte mystérieuse, faisant office de MacGuffin dans le jeu, en plus de chercher à se venger des guerriers lui ayant tout pris.
Chacun de nos deux héros doivent trouver leur place dans cet univers, et vont devoir finir par s'entraider pour mener à bien leur mission respective, leur désir de vengeance, et surtout faire tout ce qui est dans leur pouvoir pour ramener la paix.
Tout au long de leur périple, ils apprennent donc à se connaître, à se comprendre, mais aussi rencontrent bien d'autres personnages qui vont devenir leurs alliés, et peut-être même plus si affinité... et se rendre rapidement compte qu'ils n'ont pas à rester seuls.
Deux gameplay bien distincts, un plaisir décuplé
Même si nous avons pu par le passé contrôler deux personnages dans un même jeu, la façon de jouer des personnages était très similaire et seules quelques particularités les différenciaient, mais nous avions bien 2 Assassins. Cette fois-ci, la manière de jouer entre un guerrier et une shinobi est vraiment très différente, et ce n'est pas pour nous déplaire !
Même si nous commençons avec Yasuke, à partir du moment où nous contrôlons Naoe, nous restons un bon moment en sa compagnie ! Et pour cause, ce n'est pas seulement une Shinobi, c'est elle qui fait partie du clan des Assassins, et sa souplesse et sa dextérité nous permet de nous familiariser avec le monde qui nous entoure et nous permet de l'explorer sans aucune limite. Elle peut escalader n'importe quelle palissade, n'importe quel édifice avec aisance, et elle est équipée d'un grappin lui permettant d'atteindre rapidement les éléments en hauteur, et de se balancer en s'accrochant à une branche par exemple.
Ninja oblige, son style de jeu privilégie la discrétion, comme tout bon Assassin, elle doit se mêler à l'environnement, tuer ses ennemis sans se faire voir autant que possible. Mais elle peut également combattre avec des katanas pour des affrontements en face à face. Nous disposons d'un set d'armes principales et secondaires, avec au choix, des katanas, des tantô (petits sabres), ou encore un kusarigama (genre de faucille avec un boulet comme dans Kill Bill). On peut switcher entre les armes avec la touche droite sur la croix directionnelle, mais il faut au préalable bien les choisir dans son inventaire.
Et que serait un ninja sans ses armes de lancer ?! Naoe possède bien évidemment des kunai pour frapper ses ennemis à distance, et en débloquant certaines capacités, notre arsenal s'agrandit avec des shurikens, mais aussi des petites clochettes pour attirer ou éloigner nos ennemis, ainsi que des bombes fumigènes pour une disparition ninja ! Naoe est le personnage qui appartient à la confrérie des Assassins en plus de son clan d'Iga (rien à voir avec l'épicerie, c'était une région du Japon).
C'est donc la seule à posséder la vision d'aigle permettant de voir les ennemis à travers le décor, et permettre d'éliminer un ennemi à travers une porte en papier washi de manière très satisfaisante. Mais les deux héros peuvent trouver les cibles et trésors en focalisant le regard grâce à une gâchette de la manette.
Quant à Yasuke, il est plus dans le genre téméraire, un guerrier au grand cœur, mais un guerrier quand même. Lui les portes, il les ouvre pas, il les défonce ! On peut pareil essayer d'être discret pour tuer nos ennemis dans leur dos, mais il n'a pas peur de se frotter à eux. Il est équipé bien évidemment d'une paire de katanas, mais il peut aussi s'équiper d'une lance, ou d'une massue des fois que ce soit pas encore assez bourrin pour vous, ou d'un arc pour les attaques à distance avec différents type de flèches, ou bien encore un teppô (genre de fusil) pour plus de dégâts.
Que ce soit avec Naoe ou Yasuke, à mesure que nous assenons des coups ou les esquivons, nous remplissons une jauge d'adrénaline nous permettant d'effectuer un coup spécial qui peut déstabiliser notre ennemi, briser sa garde et l’étourdir suffisamment pour qu'il soit à notre merci. Certains coups spéciaux figent le temps, passe l'écran en noir et blanc nous offrant un moment très cinématographique, mais surtout très sanglant.
Seul point négatif pour les combats, dès plusieurs ennemis se joignent aux combats, les affrontements peuvent rapidement devenir un peu brouillon, et les esquives sont pas mal plus difficiles à réaliser la faute à une caméra qui s'efforce à rester collée au personnage au lieu de s'éloigner afin de rendre l'action plus lisible.
Après avoir fait 7-8 premières heures, après 3 cibles principales éliminées, nous pouvons choisir pleinement quel personnage on a envie d'incarner, sauf pour les scènes clefs si vous avez choisi de forcer l'histoire canonique. Il est possible de changer de protagoniste lorsqu'on se téléporte vers un point de transport (les fameux points d'aigles en hauteur, ou des repaires qu'on peut acheter), ou on peut changer entre Naoe et Yasuke directement dans le menu de notre inventaire (en dehors des zones de combats).
Assassin's Creed Shadows garde la formule du RPG en monde ouvert, à mesure des combats remportés, des missions remplies, nous gagnons des points d'expérience pour améliorer nos aptitudes et débloquer des nouvelles capacités. Nous pouvons également gagner des points de connaissances afin de pouvoir accéder aux niveaux suivants en trouver des éléments clés dans les édifices historiques comme les temples.
Ohana signifie famille. Famille signifie que personne ne doit être abandonné ni oublié. Les familles ne sont pas toujours parfaites. Ça veut pas dire qu'elles sont pas gentilles.
Et à mesure que nous progressons et faisons de nouvelles rencontres, qui deviennent rapidement nos alliés et nous rejoignent dans notre domaine. Un peu comme dans la trilogie d'Ezio ou le dernier Assassin's Creed Valhalla, nous possédons un domaine dans lequel nous pouvons ajouter les bâtiments que nous désirons.
Outre les nombres éléments décoratifs, comme les arbres, ou petits édifices, voire les animaux que nous rencontrons après les avoir caresser (on peut ajouter tous les animaux dans notre domaine et leur faire des câlins, autant dire que c'est le jeu de l'année), il faut surtout construire les bâtiments principaux qui nous aident dans notre aventure !
Nous avons notre salle principale, l'hiroma, et nous pouvons rapidement y ajouter une salle de conseil pour des éclaireurs, une forge pour améliorer nos équipements, un dojo permettant de faire monter de niveau nos alliés, une écurie... On est assez libre de construire et surtout de décorer comme on veut notre repaire avec tous les éléments de décors que nous trouvons et que nous pouvons acheter dans les villes.
En déployant des éclaireurs sur la carte, ils nous aident à trouver des secrets, mais surtout à trouver les cibles et les personnages indispensables pour découvrir l'identité de chaque seigneur, chaque cible, à abattre, nous évitant de chercher pendant des heures où ils se cachent !
En plus de cela, ils peuvent aussi rapporter des matériaux que nous trouvons dans les forteresses que nous allons prendre d'assaut. Ces précieux matériaux nous permettent d'améliorer chacun de nos édifices afin de faire gagner en niveau notre domaine, mais il est dommage d'en récupérer en petite quantité à chaque fois...
Les alliés nous prêtent main forte dans les affrontements, nous pouvons les appeler pour combattre à notre place, ou faire diversion afin de nous faciliter la tâche ! Ils ont chacun leur propre histoire à développer, faisant la grande force d'Assassin's Creed Shadows. Et nous avons encore certains choix de dialogues pour définir les relations que nous voulons entretenir avec les différents personnages et pour donner une autre tournure à certains évènements, choisir le pardon ou la vengeance...
Assassin's Creed Shadows est un épisode ou le scénario est le plus développé de la franchise. L'histoire est très riche, bien écrite, s'enchaîne parfaitement, et où chaque histoire secondaire a son importance et nous apporte son lot d'émotions (même une simple quête secondaire peut vous apporter les larmes aux yeux, pauvre petit chien !).
Les récits de chacun des personnages peuvent être développés à travers des missions propres, et revivre le passé de Naoe permet de mieux comprendre son histoire et ses motivations.
C'est aussi le moyen d'en apprendre plus sur l'Animus et sur tout le contexte historique de l'épisode, il y a peu de lien avec le monde extérieur du jeu, et c'est en faisant les missions de Naoe que toute la trame se découvre à nous.
L'histoire est découpée en 4 partie principale, le prologue, les prémices de l'open world dans la province d'Izumi, le monde ouvert à part entière avec nos héros dont on a le choix total d'incarner pour faire toutes les missions (à moins de forcer les choix canoniques pour l'histoire principales), la fin, et après un bon épilogue pour parcourir toute la région du Japon qui s'offre à nous et finir toutes les missions secondaires et remplir notre codex afin d'enchérir notre connaissance sur la culture japonaise et découvrir des estampes magnifiques.
Des environnements à couper le souffle, et des musiques dignes des meilleurs films du genre.
Assassin's Creed Shadows met l'emphase sur l'exploration du Japon, nous parcourons avec grand plaisir toutes les zones qui s'offrent à nous et nous vivons comme si nous étions à cette époque du Japon féodal. Les petits villages sont plein de vie, l'ambiance retranscrite est parmi les meilleures, si ce n'est pas la meilleure de toute la franchise. Je n'avais pas vécu ça depuis Assassin's Creed Unity.
Ça fourmille de détails, et chaque bougie donne un effet de lumière saisissant (mais ça aurait été bien qu'elles ne soient pas placées si proches de certains coffres, car on a souvent tendance à fermer ou allumer des bougies plutôt que d'ouvrir le coffre !). Il y a un souci du détail incroyable dans chaque temple, chaque domaine, chaque château. Si vous vous demandiez à quoi ressemblait le Japon féodal, vous avez votre réponse !
Et la nature est à couper le souffle, elle est très dense, très variée entre les arbres, les herbes hautes, les cerisiers, les étendues d'eau, les bambous, c'est pour moi, le plus beau jeu de la PlayStation 5 à l'heure actuelle, il justifie à lui seul l'achat d'une PlayStation 5 Pro tellement les effets sont éblouissants.
Même si nous avions déjà pu voir différentes saisons au cours des précédents titres comme dans Valhalla, jamais les changements météorologiques n'ont eu autant d'importance. On peut redécouvrir chaque zone à une saison différente, et le Japon a vraiment 4 saisons bien marquées (y a pas genre 3 saisons, l'automne, l'hiver et les travaux).
Et ces différentes saisons amènent des approches dans le gameplay bien distinctes, par exemple, nous laissons des traces de pas dans la neige, et les bassins sont gelés, impossible de s'y cacher donc ! Tandis qu'un printemps amènera des herbes plus hautes et verdoyantes, et surtout des cerisiers en fleurs à en pleurer.
Mon rêve depuis que j'ai 5 ans, depuis le premier épisode de Dragon Ball, c'est d'aller au Japon. Je devrais réaliser ce rêve à l'automne, mais Assassin's Creed Shadows me permet déjà d'en avoir un bel aperçu ! Je prends énormément de plaisir à arpenter chaque recoin de Kyoto ou Osaka, et prendre plein de captures d'écran (merci le mode photo !).
Je prends mes repères pour voir comment tous ces monuments ont évolué avec le temps ! Mais sans les escalader, un peu de respect ! D'ailleurs, on nous avertit dès le début du jeu de respecter tous les torii (grandes arches japonaises) qui ne doivent pas être ni escalader, ni abîmer.
Outre les saisons, le soleil, la pluie (dont les gouttes se font ressentir jusqu'à la DualSense !), juste les heures qui passent et le jour et la nuit apportent leur lot de différences, une approche plus discrète est forcément plus facile la nuit, on peut même éteindre les bougies et autres sources de lumières comme dit précédemment, ou en allumer lorsqu'on tombe dans des grottes pour découvrir un trésor caché et éviter de se perdre.
Il y a également eu une attention particulière à l'ambiance sonore (sound design), on entend le vent dans les arbres, les bruits d'animaux, l'eau qui coule... Tout est fait pour nous immerger le plus possible dans cette aventure.
Il est possible de choisir les langues et les textes, pour une plus grande immersion, j'ai choisi les voix en japonais et les textes en français, mais peu importe la langue choisie, il y a une option pour forcer la langue adaptée à certains passages clés du jeu pour que ce soit le plus réaliste possible.
Les musiques. Oh mon Dieu les musiques... J'écoute en boucle les bandes originales des compositions de Jesper Kyd, surtout la trilogie d'Ezio, et là, je crois qu'on atteint des sommets plus hauts que le mont Fuji. Le thème principal d'Ezio's family retravaillé par le groupe canadien TEK::TEK est devenu mon thème de la franchise préféré, j'en ai des frissons à chaque écoute.
Les musiques varient entre des thèmes orchestraux dignes des plus grands films de samouraïs, avec des chansons qui viennent rythmer les combats principaux comme dans un film de Tarantino ! Ce mélange éclectique fonctionne parfaitement.
Nous avons aussi des thèmes plus doux, discrets qui parsèment notre exploration sans venir écraser les bruits de la nature, ni les dialogues des personnages autour de nous.
Entre traditions et modernité.
Cette phrase valise que vous allez retrouver dans absolument tous les tests du jeu résume parfaitement autant le Japon moderne qu'Assassin's Creed Shadows. Le jeu a repris les meilleurs éléments des anciens épisodes, et l'équipe d'Ubisoft Québec a su les sublimer et apporter un gameplay novateur. Certes ça ne révolutionne pas le genre, ça n'en avait pas la prétention, mais nous avons là l'épisode le plus complet et abouti de la franchise.
En plus de 30 heures de jeu, les seuls petits bugs techniques que j'ai eu, c'est la DualSense qui n'arrêtait pas de vibrer (et rien à voir cette fois-ci avec la pluie), et Naoe qui ne dégainait plus ses armes à 2 reprises. Aucun bug visuel, aucun glitch, je ne suis jamais passé "out of bound" à travers le décor, pas de PNJ qui se bloquait ou réagissait bizarrement. Les reports du jeu ont été bénéfiques et le jeu est vraiment bien fini malgré ces environnements très fournis et détaillés.
Il y a encore et toujours des microtransactions, toujours uniquement cosmétiques et nullement nécessaires pour avancer dans le jeu. Et maintenant, nous pouvons trouver des clés d'animus, des points, qui permettent d'acheter des éléments dans la boutique du jeu.
J'ai adoré Ghost of Tsushima, l'histoire de Jin était captivante, mais Assassin's Creed Shadows parvient à apporter une autre ambiance plus riche, une histoire et des personnages tout aussi touchants et poignants, et un Japon féodal encore plus immersif. Ce sont deux jeux qui peuvent paraître similaires, mais qui sont bien différents dans leur proposition.
Assassin's Creed Shadows est généreux, mais sans trop en faire.
Le fait que toutes les histoires sont très bien travaillées, les choix
de dialogue et d'action ont des conséquences, on peut vraiment épargner
certaines cibles, et que le jeu s'enchaîne parfaitement nous permet de
jamais nous ennuyer et d'avoir toujours envie de relancer une partie.
Et même
après avoir fini le jeu, il y a encore assez de missions intéressantes à
faire autre que de jouer le livreur Fédex. Et pour ceux qui ont peur de ne pas en avoir assez, il y a toujours des missions d'Animus et contrats temporaires à remplir pour gagner quelques bonus supplémentaires.
Bravo aux équipes d'Ubisoft Québec qui ont réalisé, pour moi, le meilleur épisode de la saga qui va paver la voie aux prochains épisodes en ayant mis la barre "torii" très haute.
J'aime
- Le visuel éblouissant
- Des personnages très attachants
- 2 gameplay bien distincts
- Une histoire principale prenante
- Des quêtes secondaires intéressantes
- Beaucoup de stocks sans être inondés
- Les musiques incroyables
- Les différentes saisons
- Aucun bug !
- Junjiro
- La caméra encore trop capricieuse
- Un peu long avant de rejouer avec Yasuke et d’avoir le choix
- Les combats un peu brouillons quand trop d'ennemis à la fois
- Un peu radin sur les ressources
Note finale
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